


L'antiquité ( -300 - 476 )
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La sorcellerie constitue l'ensemble des nombreuses influences et croyances, ses caractérisations ont évolué au cours du temps et à chaque époque de l'antiquité jusqu'à nos jours. Au Moyen âge, la société devient plus stricte et conformiste, l' Église réprime la sorcellerie, miroir des anciens rites païens, qui vont contre la morale et les valeurs chrétiennes. À la Renaissance, le changement de la religion est une des raisons des plus évidentes. Un contraste se crée entre les Dieux de l’antiquité qui ont des coutumes très libres, et l'unique Dieu chrétien, qui est la perfection incarnée.
Quelle est la vision européenne traditionnelle de la sorcière ?
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La vision européenne traditionnelle de la sorcellerie veut généralement que le sorcier signe un pacte avec le diable afin de lui vendre son âme en échange de pouvoirs surnaturels. Nous pouvons aussi noter que de nombreux éléments de la figure médiévale de la sorcière ont trouvé leur source avant l'émergence du christianisme (1er siècle, vers l'année 30). Ils peuvent être trouvés dans les bacchanales qui sont des fêtes religieuses célébrées durant l'Antiquité, liées aux mystères dionysiaques notamment du temps où ces pratiques étaient menées par la prêtresse Pa culla Annia ( de 188 av. JC jusqu'en 186 av. JC).
La religion est-elle liée à la sorcellerie ?
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En Europe, durant les débuts du christianisme (qui a commencé à se développer au IIème siècle), la population, alors habituée à l'usage de la magie dans la vie quotidienne, s'est mise à attendre une nouvelle forme de magie supérieure à l'ancienne magie païenne de la part du clergé. Étant donné que la chrétienté concurrençait le paganisme, ce problème s'est avéré être d'une grande importance pour le clergé. En effet, celui ci se mit peu à peu aux pratiques ancestrales tel que le culte des saints et du Christ, reprenant ainsi l'usage populaire d'amulettes et de talismans .
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L'apparition de sorcières mythiques : Circé et Médée
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Dans le folklore européen, le personnage de la sorcière est considéré comme un héritage de l’antiquité. En effet, nous pouvons remarquer l’apparition dès cette période de sorcières telles que Circé et Médée. Dans l'Odyssée d'Homère, Circé transforme les hommes échoués sur son île en animaux. Seul Ulysse parvient à déjouer son piège. Ainsi, nous pouvons voir dans ce mythe que la légende de la sorcière est bien présente, car tout revient en ordre une fois que l'homme a dominé la femme, exemple concret de misogynie.
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Tandis que Médée, la nièce de Circé, est considérée comme l'un des personnages les plus terribles de la mythologie. En effet, son amour Jason la trahit, elle tue le nouvel amour de son mari, et égorge ses propres enfants. Elle représente une femme intrigante et jalouse. Elle est l’archétype typique d'une sorcière séduisante et traîtresse.
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Les femmes, considérées comme des sorcières ?
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La sorcière fut surtout persécutée à cause de sa féminité. Ainsi, lorsque la femme commença à obtenir un statut d'indépendance et de puissance, la figure folklorique négative de la sorcière ne fut plus actuelle. Elle est passée de monstre à rebelle.
De plus, grâce aux découvertes scientifiques et à l'éducation, la société s'est remise à moins craindre les sorcières. Durant cette époque, la population commença à se rendre compte que la médecine traditionnelle des plantes qu'ils pensaient être des sortilèges ne l'était pas, que c'était juste le fruit des découvertes de la médecine.
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La fertilité fut aussi un autre facteur de la mise à l'écart des femmes durant cette époque. En Grèce antique par exemple, l'avortement était mal perçu mais pas rendu légalement criminel, jusqu'à l'apogée du christianisme (XVIeme siècle). À partir de là, l’Église s'est mise à être plus sévère à l'égard des sorcières. En effet, elles ont commencé à devenir de plus en plus craintes et condamnées par la morale chrétienne de l'époque.
Le statut des femmes fut la dernière raison. La misogynie était déjà très présente durant l'Antiquité étant donné que la société médiévale était très influencée par la Bible, qui reprochait que la femme était responsable du péché originel d'Adam et Eve.
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Les sorcières : de tolérées au bouc émissaire de la société
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Les femmes célébraient le culte de la magie avec des rites. Les sorcières du quotidien étaient des femmes modestes qui préparaient des tablettes enchantées et des filtres afin de les vendre à des clients. Cependant à Rome, elles avaient des aspects plus inquiétants. En effet, avant l'empire, des femmes aux soi-disant pouvoirs magiques rôdaient autour de l’Esquilin, qui est une colline où se situaient les cimetières des pauvres, afin de récolter des os d'enfants, et de pratiquer des rituels sombres. Ainsi, nous trouvons dans les textes antiques des apparitions de magiciennes enchanteresses et déesses de la magie dont certains aspects se rapprochent de ceux des sorcières d'aujourd'hui.
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Le Moyen Âge ( 476-1492 ) et la Renaissance
Qu'en est-il des hommes ?
Le sorcier est associé au voyant ou au chaman, qui est un spécialiste de la communication avec les puissances de la nature et les défunts. Les sorciers sont rares dans la Bible, et sont condamnés par Moïse.


D'où provient la sorcellerie européenne du Moyen Age?
Certaines croyances païennes sous-entendent que les sorcières étaient des femmes chamanes qui ont été petit à petit perçues en figures malveillantes par la culture chrétienne. Cette vision indiquerait que l'image folklorique de la sorcière ne provient que d'une seule source, ce qui n'est pas le cas. En effet, les caractérisations de la sorcellerie ont évolué au cours du temps. C'est un mélange de nombreuses influences et de croyances.
Les choses se corsent pour les sorcières...
La croyance de la sorcellerie a été si présente que de nombreux procès ont eu lieu en Europe, au Moyen Âge et ont mené à des condamnations à mort.
La période médiévale sera tout autant difficile pour les sorcières. À partir du XIIe siècle, l'Inquisition se lance dans une chasse aux hérétiques qui pratiquent différents types de rites magiques. Vers le XVe siècle, l'accroissement et la violence des procès contre les sorcières engendrent des stéréotypes autour du personnage que la littérature alimentera au fil du temps. La chasse aux sorcières sera mise à terme au XVIIe siècle, après une seconde vague entre 1560 et 1650 dans laquelle environ 50 000 et 100 000 femmes seront brulées en Europe.
Il existe des exemples de procès célèbres tels que celui en France au XVe siècle de Jeanne d'Arc qui fut condamnée pour sorcellerie ou encore celui du XVII siècle, en Suisse, avec l'affaire Anna Goldi.
Des accusations à tort pour les femmes...

En Europe, la population s'est mise à croire progressivement aux sorcières à la période du Moyen Age à cause de la répétition de certaines rumeurs. En effet, le fait de ne pas avoir d'explications rationnelles à des phénomènes comme la maladie, la mort inexpliquée infantile, une mauvaise récolte, ou encore la perte du bétail, a engendré une sorte de curiosité venant de la population qui chercha par la suite un " coupable ", quelqu'un que l'on pouvait rendre responsable d'incidents naturels, ce qui pourrait expliquer cette chasse aux sorcières violente et ses nombreux procès conclus par des condamnations au bucher et donc par la mort. De plus, dans l'imaginaire collectif, les sorcières étaient associées au diable et représentaient un danger, ce qui donnait une justification supplémentaire au sort qui leur était réservé.
Plus en détails...

Le Moyen Age est le début de la mauvaise image des sorcières. L'Eglise peut être considérée comme l'un des plus grands facteurs de ce changement.
En 1233, le pape Grégoire publie la Vox in Rama, qui dépeint des sorcières séduites par le diable, qui renoncent au catholicisme et vénèrent le diable sous forme d'un chat. La sorcellerie sera encore condamnée par Jean XXII vers 1326, où elle est officiellement classée comme hérésie. Enfin, le pape Innocent VIII déclenche la chasse aux sorcières en 1484. La grande chasse à l'échelle européenne ne commence activement qu'au XVe siècle, coïncidant à peu près avec le début de la Renaissance. Elle atteint une grande échelle au XVe siècle lors de la publication du malleus Mallificarum ( Le marteau des Sorcières ) par Heinrich Kramer et Jacques Sprenger qui furent envoyés par le pape Innocent VII.
Un courant de procès dura jusqu'en 1520, puis recommença de 1560 à 1650 afin de juger les sorcières. En tout, le nombre de procès atteint les 200 000 et le nombre de victimes est élevé à 100 000.
Cette chasse durera jusqu'en 1620 lors de son abandon par le Parlement de Paris.
Les hommes sont-ils également concernés dans les procès ?
Au début du Moyen Age, la Lex Salica condamne les sorciers à payer de fortes amendes.
En 1326 commence la persécution des sorciers qui s'étale sur près de quatre siècles. Même si les femmes ont été le plus persécutées durant cette période, les hommes ont aussi fait l'objet de procès et de condamnations. Car en effet, il y a eu durant cette période entre 50 000 et 100 000 victimes dont 80% étaient des femmes, les 20% restants étaient des hommes errants, pauvres, et vagabonds.
Les femmes, principales victimes.
Les femmes étaient des guérisseuses du village, des filles de joie ou encore des vagabondes. Ces accusations étaient engendrées par la haine, la jalousie, la peur, ou même la folie. De plus, durant le Moyen Age, les femmes qui avaient acquis des connaissances sur les herbes et les mélanges médicaux étaient requises pour guérir des maladies ou de l'avortement. Cependant, l'avortement était formellement interdit par l'Eglise. Ainsi, elles avaient recours à des avortements clandestins.
Le processus de réhabilitation des sorcières durant l'Epoque Moderne ( 1492 - 1789 )
